Le Prix littéraire Janette-Bertrand est une distinction créée pour honorer des œuvres littéraires qui explorent des enjeux de sociétés tels que l'égalité des sexes, l'autonomie des femmes, et la lutte contre les violences de genre. Ce prix célèbre l'engagement indéfectible de Janette Bertrand envers l'inclusivité et la justice sociale, en reconnaissant les auteurs et autrices de la francophonie canadienne et du Québec dont les contributions marquent notre époque. Il est remis pour la première fois le 27 novembre 2024 dans le cadre du Salon du livre de Montréal. Nous tenons à remercier Télé-Québec et la SODEC, nos partenaires commanditaires, dont le soutien est essentiel à la réussite de ce prix.
Lauréat·e·s et composition du jury 2024
Le Prix
Finalistes 2024
Les livres encore en lice sont: Les Disgracieuses de Claudia Larochelle, Porter Plainte de Léa Clermont-Dion, Ça aurait pu être un film de Martine Delvaux, Toronto jamais bleue de Marie-Hélène Larochelle et Autoportrait d’une autre d'Élise Turcotte. Ces œuvres se sont démarquées par leur qualité littéraire et la justesse des thématiques sociales fortes qu’elles abordent.
Voici les commentaires des juré·e·s sur les cinq œuvres finalistes et résolument marquantes de cette première édition du Prix littéraire Janette-Bertrand:
Véritable mise à nu mettant en relief les petites et grandes défaites dans la vie d’une femme ordinaire et d’une féministe en construction, Les disgracieuses dévoile un parcours de vie fait d’essais-erreurs et d’apprentissages à la dure, dans lequel nombre de femmes se reconnaîtront. Ses peurs, ses humiliations, ses colères, ses contradictions, sa honte, sa peine sont aussi les nôtres. Il y a quelque chose dans la très belle plume de Claudia Larochelle, à la fois juste et puissante, qui nous habite longtemps après avoir refermé le livre. À la croisée du personnel et du collectif, l’autrice nous rappelle une fois de plus que l’intime est politique.
Naviguant entre le journal intimiste et l’écriture essayistique, Porter plainte est un récit sur la culture du viol. Avec courage et vulnérabilité, Léa Clermont-Dion montre du doigt les hommes, mais aussi les femmes qui, sous couvert d’une apparente bienveillance, participent au maintien du patriarcat. À travers son expérience personnelle, elle livre une charge en règle contre les violences genrées et les systèmes qui les perpétuent. Car porter plainte, c’est aussi reprendre la parole qui nous a été enlevée, « pour que la honte change de camp ». Voici un livre qui fait œuvre utile et qui constitue une pierre de plus à l’édification d’une société plus juste, plus douce envers les femmes, en un mot, plus habitable.
C'est une quête noble que celle de Martine Delvaux, qui braque les projecteurs sur une énième oubliée de l’histoire avec un grand H. Récit d’un triangle amoureux que n'auraient pas renié Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Ça aurait pu être un film cherche à redonner voix et corps à la femme artiste qu’a été Hollis Jeffcoat, personnage de l’ombre refoulé derrière ces deux grandes figures de la peinture qu’ont été Jean-Paul Riopelle et Joan Mitchell. Une enquête passionnante sur l’invisibilisation des femmes dans l’histoire de l’art, sur les rôles auxquels on les a confinées–tantôt muses ou modèles, tantôt épouses ou amantes–, mais aussi sur le pouvoir libérateur des amitiés et amours féminines, dans la vie comme dans l’écriture.
Toronto jamais bleue est un roman coup de poing, une œuvre percutante sur les femmes itinérantes et prostituées dans une ville indifférente à leur sort, lieu de toutes les détresses, qu’on cherche à soustraire à la vue en les reléguant dans les recoins des ruelles, des squats, des abris de fortune aussitôt démantelés. Une réalité d’autant plus difficile à endurer quand on habite un corps de femme. Dans une écriture qui jamais ne juge, Marie-Hélène Larochelle révèle une misère qu’on préférerait ne pas voir, composée de violence, de défaites, d’humiliations, d’hypervigilance. Malgré une vie qui semble sans issue, les personnages luttent, cherchent une brèche. Mais la ville et la violence des hommes, invariablement, se referment sur elles. Un livre brutal et brûlant d’actualité alors que le pays s’enlise dans une crise du logement sans précédent.
Tour à tour enquête, essai et journal d’écriture, Autoportrait d’une autre remonte le fil reliant le destin de la narratrice à celui de sa tante disparue, Denise Brosseau, femme de culture hors-norme reléguée dans les marges de l’Histoire. Élise Turcotte s’interroge sur le sort des femmes artistes et des femmes d’artistes, du génie féminin écarté au profit de son pendant masculin à la soi-disant folie des femmes, en passant par le rôle émancipateur (pour l’homme) de la muse. À travers une prose poétique et réflexive, elle effectue autant un travail sur le fond que sur la forme en nous entraînant dans les dédales de la création, dans une composition sensible et intelligente.
Courte liste 2024
Après un premier travail rigoureux par le jury du Prix littéraire Janette-Bertrand 2024, voici les 10 livres toujours en lice:
- Autoportrait d’une autre d’Élise Turcotte, publié chez Alto
- Ça aurait pu être un film de Martine Delvaux, publié chez Héliotrope
- Femmes philosophes: 21 destins de combattantes de Maya Ombasic avec les illustrations d’Evelyne Smith, publié chez Fides
- Hors-jeu: Chronique culturelle et féministe sur l’industrie du sport professionnel de Florence-Agathe Dubé Moreau, publié chez Remue-Ménage
- Irma s’en va-t-en guerre de Karine Gagnon, publié chez Septentrion
- Les Disgracieuses de Claudia Larochelle, publié chez Québec Amérique
- Porter plainte de Léa Clermont-Dion, publié chez Cheval d’août
- Projet Polytechnique de Marie-Joanne Boucher et Jean-Marc Dalphond, publié chez Atelier 10
- Toronto jamais bleue de Marie-Hélène Larochelle, publié chez Leméac
- Tu t'écriras non dans le front de Claudie Côté, publié chez Les Éditions de l’Homme
Le jury annoncera la liste des cinq finalistes à la mi-octobre. Le livre lauréat sera, quant à lui, dévoilé le 27 novembre au Salon du livre de Montréal.
Présentation du jury
Sous la présidence de Madame Pauline Marois, le jury du premier Prix littéraire Janette-Bertrand réunit des personnalités engagées et passionnées de littérature. En voici la composition:
Présidente du jury
Avec une carrière remarquable et un engagement profond en faveur de l’égalité des sexes et des droits sociaux, Pauline Marois, femme politique et Première Ministre (2012-2014), apporte une expertise et un leadership inestimables pour encadrer les délibérations et la sélection d’un·e lauréat·e pour cette première édition du Prix littéraire Janette-Bertrand.
«Quel honneur et privilège d’avoir présidé le jury du tout premier Prix littéraire Janette-Bertrand, une visionnaire qui a contribué à lever les tabous et à faire du Québec une société plus libre et plus juste pour les femmes. Riches et diversifiées, les dix œuvres de la courte liste nous rappellent que l’égalité des sexes et des genres n’est toujours pas acquise. Les membres du jury, que je remercie, mesurent l’importance de ce prix et tiennent à féliciter plus particulièrement les cinq autrices finalistes qui, chacune à leur manière, poursuivent le combat entamé par des pionnières de la trempe de madame Bertrand, en continuant d’éveiller les consciences et en célébrant la beauté et les possibilités qu’offre la littérature.»
Membres du jury
Pour cette première édition, les juré·e·s sont:
Vanessa Destiné, animatrice et chroniqueuse, est diplômée en communications et en coopération internationale de l’Université de Montréal. Elle se distingue par son intérêt marqué pour les enjeux féministes et interculturels, apportant une perspective précieuse sur ces questions dans le paysage littéraire.
(crédits photo : Julie Artacho)
Jeanne Boivin est étudiante en littérature au Cégep Lionel-Groulx. Elle a fait partie du jury du Prix littéraire des collégiens et a participé comme panéliste en 2024 à la Rencontre interprofessionnelles du secteur du livre, organisée par l'Association des libraires du Québec. Elle apporte en tant que jurée une perspective fraîche avec ses connaissances et son engagement envers la littérature contemporaine.
Vanessa Allnutt, éditrice, bibliothécaire et chargée de mission aux partenariats institutionnels à BAnQ, est également autrice d’un mémoire sur la liberté intellectuelle et la censure dans les bibliothèques publiques. Avec une solide formation en littérature et bibliothéconomie, elle contribue à une compréhension approfondie des enjeux liés à la liberté d'expression et à la diversité dans les bibliothèques.
(crédits photo : Michel Dompierre)
Philippe Fortin, libraire à la librairie Marie-Laura à Jonquière et récipiendaire du Prix d'excellence de l'Association des libraires du Québec (ALQ) de l’année 2024, se distingue par sa grande implication envers sa communauté. Président du conseil d’administration du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il est reconnu pour son dévouement exceptionnel à l'animation de la vie littéraire et culturelle.
(crédits photo : Julie Vola - Canopé Média)