Le petit ramoneur de Québec MISÈRE NOIRE
Paru le 22 novembre 2023
Français
Roman graphique haut en couleurs aux caractéristiques rappelant les contes anglais victoriens, Misère noire est la première aventure du petit ramoneur de Québec, aux mains d’un des grands de la bande dessinée québécoise, Cédric Loth. Ce petit ramoneur, personnage fantasque et rieur, écume sans relâche les toits du Vieux-Québec, sa brosse dure à la main, raclant la suie des cheminées. À travers son quotidien, il nous entraîne dans une Ville de Québec fantasmée où les époques se téléscopent, dressant un tableau bigarré mais fier de la Nouvelle-France, du Bas-Canada et du Québec du début du siècle, au moment où celui-ci met les pieds dans l’ère industrielle. Les faits qui sont relatés s’appuient sur une solide documentation visuelle et des anecdotes souvent délirantes, qui permettent de mettre en évidence les tensions entre francophones et anglophones, le rôle et l’omniprésence du clergé ainsi que les travers des habitants de l’époque. Avec comme toile de fond les architectures anglaise et française qui se côtoient comme nos deux solitudes et des tempêtes magistrales sur un fleuve souvent sans pitié pour les navigateurs et riverains. Cette première aventure du petit ramoneur de Québec est une histoire complète. Le héros, avec son allure débonnaire à la Gavroche, vit parmi les rats dans une vielle goélette abandonnée et a comme pire ennemi un Irlandais, Roof, déneigeur des toits de la ville. Roof a démarré son entreprise avec ses deux frères, les McHecket, paresseux, ivrognes et batailleurs, et ceux-ci ont pris rapidement le contrôle du déneigement de la Ville. Évoluant dans les rues très typée de la capitale, les protagonistres nous entraînent sur les toits de Québec, à travers les salles du Château Frontenac, dans un Vieux-Québec tissé serré où la glace du fleuve permettait de conserver les aliments et les ramoneurs jouaient un rôle central, permettant aux chaumières d’exhaler le résidu de la combusion des forêts québécoises ! De brèves incursions historiques, dont la conquête de Québec par les Anglais, parsèment l’oeuvre pour enrichir davantage sa trame narrative et historique et en faire une catalogne à la gloire de nos ancêtres. Ce livre agit au final comme oeuvre de mémoire collective envers ce passé où les accents de la France ont continué, contre vents et marées, à s’accrocher au relief du territoire québécois.